LIBERTÉ, LIBERTÉS CHÉRIES, HABIBI !

Expo Collective du 7 au 15 janvier 2017 à l’initiative de l’Observatoire de la Laïcité

Vernissage samedi 7 dès 18h

PEINTURES – COLLAGES – DESSINS – CARICATURES – PHOTOGRAPHIES

 

On dit que l’histoire ne se répète pas, mais parfois elle bégaie.

Le 7 janvier 2015 résonnera encore longtemps dans la tête d’une grande par/e de la popula/on française comme le début d’un grand trauma et la fin d’une certaine insouciance.

La tuerie de Charlie Hebdo suivie de celles de Montrouge et de la Porte de Vincennes, puis les attentats aveugles, du Bataclan à Nice, sans oublier Saint-Denis, ont plongé la France dans un chagrin incommensurable.

Vingt ans auparavant, en Algérie, tout avait commencé ainsi : des journalistes, des intellectuels – hommes de théâtre, poètes, enseignants, médecins, psychiatres- avaient été les premières cibles des islamistes radicalisés. Et dessinateur-caricaturiste était devenu d’un seul coup un métier à haut risque.

La population a connu elle aussi son lot d’exactions, les djihadistes ne reculant devant aucune abjection pour faire régner la terreur et entraîner le pays dans une guerre fratricide, plus connue sous le nom de « décennie noire ».

Nombreux sont alors ceux qui ont dû fuir la mort, comme les artistes algériens de cette exposition.

Aujourd’hui, nos deux pays se trouvent confrontés à un même ennemi menaçant la démocratie et l’aspiration à être libres-ensemble. En tentant de faire régner la peur, c’est à nos libertés fondamentales qu’il s’attaque afin d’accentuer les replis identitaires et semer les germes de la division.

Nous ne saluerons jamais assez le courage de ceux qui comme Charb et ses amis de Charlie Hebdo ont continué d’exercer leur métier malgré les menaces, préférant « mourir debout plutôt que vivre à genoux »

Avec cette exposition, nous voulons rendre un vibrant hommage à tous ces créateurs qui, de part et d’autre de la Méditerranée, croient en la puissance de l’image et du dessin ainsi qu’au rire comme armes de destruction massive face à la bêtise.

Croisons nos regards et nos expériences, parlons-nous, cicatrisons les blessures. Tricotons, ensemble, le pont qui relie nos deux pays, HABIBI !

 

ARTISTES INVITÉS

Mustapha BOUTADJINE / Yann DARÇON / Joël LUMIEN / Prune MATEO / REMEDIUM / Anna ROUKER / Lounis DAHMANI / GYPS /  Yann MAMBERT / Otmane MERSALI / Horria SAIHI

 

Site web Observatoire de la Laïcité Saint Denis http://www.observatoire-laicite-saint-denis.org/

Event Fb   https://www.facebook.com/events/340066706378729/

 

À mes amis perdus

J’avais des amis et des frères,

Un vautour les a emportés.

Ils dorment aujourd’hui sous la terre

Et ne connaîtront plus l’été.

J’avais un ami et un frère,

La fleur aux dents et des refrains aux lèvres.

En artiste lunaire, Il promenait sa vie,

Mille et un rêves en bandoulière.

Il s’appelait Abdelkader.

J’avais un ami et un frère,

Il aimait rire et il aimait parler.

Homme de bien, il avait foi en l’Homme

Et aimait vivre à la folie,

Quand la folie des hommes lui a ravi la vie.

Il s’appelait Hafid.

J’avais un ami et un frère,

Il ne possédait rien,

Sinon l’Humanité.

Avec pour seuls bagages

Ses livres et sa plume,

En citoyen du monde,

Il allait son chemin,

L’Algérie en bannière et l’avenir au cœur.

Il s’appelait Youcef.

J’avais un ami et un frère,

Il aimait sa patrie

Autant que vous l’aimez.

En hôte des poètes,

Au rendez-vous des arts,

Il ouvrait grand sa porte

Comme on ouvre son cœur.

Et l’on était chez lui dans un havre de paix.

Il s’appelait Vincent.

J’avais des amis et des frères,

Un vautour les a emportés.

Ils dorment aujourd’hui sous la terre

Et ne connaîtront plus l’été.

C’étaient des gens bien ordinaires,

Gens simples comme vous et moi,

Qui chantaient, aimaient et vivaient

Et voulaient connaître l’été.

Vous tous qui dormez sous la terre,

Amis connus et inconnus,

Acceptez ce6e humble prière

En moi trop longtemps contenue.

C’est celle que me disait mon père

Avant qu’il ne ferme les yeux :

« Nous sommes un peuple fier, courageux,

Et qui en a vu d’autres !

Crois-le, ma fille !

Au plus fort du malheur, l’étoile, au ciel,

Notre Algérie, prions pour elle,

Un beau jour, se réveillera ! »

J’irai vous décrocher l’étoile

Sitôt qu’elle rescin#llera.

Mais aujourd’hui, il fait nuit noire

Et, là-haut, le vautour tournoie.

A genoux et le front contre terre,

Amis, j’ai le cœur aux abois.

Ma terre est rouge de trop de sang versé,

Ma terre est grosse de trop d’amis tombés.

Jusqu’à m’en écorcher les doigts,

Jusqu’à m’en abîmer les yeux,

J’irai, en tâtonnant là où le ciel flamboie.

Je chercherai la main qui saisira la mienne

Et que d’autres mains saisiront.

Je chercherai et chercherai encore

Des mains amies, des mains de frères

Et, enfin ! la lumière sera et le printemps refleurira.

Notre terre enflera des germes de l’espoir

Pour enfanter la vie !

Sous le soleil ardent,

Dans les moissons nouvelles,

Il fera bon s’aimer,

Les rires des enfants à nos rires mêlés.

Quand viendra ce jour-là, Inondé de clarté,

Vous dormirez en paix,

Vous, mes amis, mes frères !

Sous ce#e terre aimée et réapprivoisée.

Nina HAYAT – 1994

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