Exposition collective / les héroïnes de l’ombre – du 22 au 26 novembre 2023

Les héroïnes de l’ombre

« Les femmes ont pendant des siècles servi aux hommes de miroirs, elles possédaient le pouvoir magique et délicieux de réfléchir une image de l’homme deux fois plus grande que nature. Sans ce pouvoir la terre serait probablement encore marécage et jungle.» Dans Une chambre à soi, Virginia Woolf avait avancé une pensée de la femme comme ayant comme seule possibilité de création et d’émancipation la construction d’un espace strictement personnel, coupé d’une société patriarcale. Cette chambre à soi se présente comme espace de sécurité.
Mais qu’en est-il, alors, de ce que l’on pourrait appeler ces Héroïnes de l’ombre, dont les travaux, la pensée, la création onnt pourtant révolutionné tous ces domaines ? Si cette chambre à soi est un espace de réflexion dans une paix intérieure, l’exposition publique a toujours été une contrainte, une
action controversée et niée.


Au nom de la lutte des classes, on a longtemps occulté les formes d’oppression, d’exploitation ou de domination des femmes dès lors qu’on ne pouvait en rendre compte dans des termes strictement compatibles avec une grille de lecture univoque des relations sociales. Certes, d’heureuses convergences se sont occasionnellement – et logiquement – produites entre les mouvements de libération ouvrière et les mouvements de libération de la femme ; elles ont rarement dissuadé les uns de sous-estimer voire de mépriser, certains enjeux essentiels des autres. Or, pour traiter des questions
touchant à la condition féminine, nous assistons aujourd’hui à un étrange retournement de l’Histoire, et à l’émergence d’un nouveau refus de croiser d’une part les faits de classe, d’autre part les faits d’appartenance à un sexe, quand il ne s’agit pas, même, de ceux relatifs à l’origine nationale ou
ethnique, alors qu’aucune libération sociale ne peut être imaginée sans ce croisement et cette alliance.


De la femme de ménage à l’artiste de l’ombre, de la cuisinière à l’écrivaine,cette exposition collective est une ode à la femme oubliée, dans toutes la complexité que cela suggère, parcourant les milieux sociaux où elles sont essentielles mais invisibilisées. Rendre hommage par une forme plastique
et artistique, valoriser leur travail ou bien encore leur engagement social est une forme de revanche et de reconnaissance.
Que les unes soient, dans les faits, socialement valorisées, même quand on les dénonce, les autres socialement méprisées, même quand on les célèbre, et qu’il faille, par conséquent, porter remède à une dérive classique, en est une autre. Qui a inévitablement à voir avec la question de l’égalité
hommes/femmes, dès lors que celle-ci est véritablement porteuse d’un enjeu de civilisation, et non d’un règlement de comptes ou d’un problème de mathématiques. Qui passe aussi par le renoncement à l’exaspérante tautologie :
“UNE FEMME EST UNE FEMME”. AH, TIENS ?

texte de Caroline Culcasi

Programme

mercredi 22/11 19h : vernissage et chorale

jeudi 23/11 18h30  : débat-rencontre avec Karine Vernière, juriste de formation : ce que le droit dit des agressions sexuelles, du viol, du harcèlement et du consentement.


vendredi 24/11 20h : conférence gesticulée « Que serais-je sans toi » de Coralie Pradet.
Devant chaque grande femme se tient un ou plusieurs hommes. Mêlant chants, lectures et saynètes, Coralie Pradet s’est interrogée sur l’impact des relations avec les hommes sur la carrière de femmes artistes, à la fois très célèbres mais cependant méconnues.

 samedi 25/11 :
-11h à la Ligne 13 : restitution d’un travail théâtral, « Voix de femmes » avec Mariam, Ana, Karima, Sanda, Nadia, Sadia, Rezkia, Carole, et
  la Mission des droits des femmes. 

-19h au 60Adada : projection « Au fond des pierres » de nicAmy et Tristan Felix  (12 mn) suivie de La Fée d’Os- performance-marionnette extraite du Petit Théâtre des Pendus, Tristan Felix, et plus si affinités.

dimanche 26/11 17h :
Amour et violences. Discussion autour du livre « Ne plus tomber (en amour) » de Majé.