Cabinet Patte Pelue – Reliques

L’AdaDa présente

Le Cabinet Patte Pelue

RELIQUES60adada-A4-150

Reliques

Une exposition de Solène Besnard, Claire Blaizot, Pauline Ciocca, Vincent Croguennec, Myriam El Haik, Virginie Fantino, Hélène Gruénais, Johanna Hamon, Elise Legrand, Camille Sutra, Anatole Wiener.

A l’entrée d’une friche industrielle, une maison en meulière.
Cette maison a vu, connu et entendu.
Cette maison a vu grandir, vu passer, laissé partir, dissimulé.
Elle a changé d’identité.
Elle a changé d’odeur.
Elle a été inaugurée, habitée, hantée.
Cette maison s’est déguisée, elle a célébré, elle a dansé.
Elle s’est vidée et remplie de nouveau.
Elle a traversé les âges.

Cette maison vit.

Dans cette maison, un atelier. Le Cabinet Patte Pelue.
11 artistes et artisans, illustrateurs, graveurs, bijoutiers, graphistes et designers, exposent à l’AdaDa,
reliques et autres restes précieux.

Exposition du 2 au 19 octobre 2014, du mardi au samedi de 15h à 20h et le dimanche de 10h à 15h.

Vernissage vendredi 3 octobre à partir de 18h30. Et à 20h30, concert, avec Les Bigoudènes del Sol. 100% sarrasin, gluten free. Un farçou, une galette et une frite répéteront en public leur musique à farcir riche en vitamine D.

Reliques

Le corps des reliques
Je suis parti sur des dessins sans croquis préalables, c’était plus une série de dessins jetés sur le papier. Je l’ai appelée Reliques d’un non saint parce que ça représente des peurs, des désirs, des questionnements, des doutes… Chaque élément de ce grand corps jaune se rapporte plus ou moins à une partie de son corps comme des reliques de saint, sauf que ce n’est pas un saint, donc cela renvoie plutôt à tout ce que porte un corps, comme ses inquiétudes, ses rêves, ses désirs, ses fantasmes éventuellement. C’est le genre de dessins que je vais plutôt faire dans des carnets, que je n’ai pas l’habitude de montrer non plus, parce qu’ils n’ont pas vraiment une vocation esthétique, dans le sens où il y a une esthétique, mais qui ne cherche pas à séduire.

Vincent Croguennec

Souvenirs sacrés : réminiscence et reliques
Avec une amie qui habite à Londres, on voulait travailler autour du côté très ornemental des reliques qui se trouvent dans les églises de Rome. Après, on a voulu réutiliser des souvenirs des années 2000, parce qu’on était toutes les deux ados dans ces années-là. Globalement, on échangeait des mails entre nous, en se disant qu’est-ce qui te rappelle les années 2000 ? et il y a un peu tout ça qui est revenu. On appelé ça Rococo 2000, parce que c’est vraiment pour nous l’aspect kitsch et rococo des années 2000, donc tout ce qu’on trouvait très typé, démonstratif, excessif. On a voulu faire toute l’ornementation avec ces éléments-là. Il y a effectivement le côté souvenir sacré du passé, de ces petits trucs qui nous rappellent notre adolescence.

Claire Blaizot

Reliques, traces et souvenirs
A chaque voyage, je prends énormément de photos, il y a des objets qui en sortent aussi et c’est une collection que j’ai initiée dès que j’ai commencé à voyager finalement. Ce sont des traces, et ces traces là sont sacrées. Elles rappellent des souvenirs ou des anecdotes qui me sont personnelles, c’est l’idée du sacré et de l’importance que j’y porte. La trace et le souvenir sont vraiment liés, l’un amène l’autre, la photo est une trace du souvenir, donc ils sont liés. L’un n’est pas plus important que l’autre. Ils sont indissociables, je pense.
Je voulais parler d’un de mes voyages, la traversée des États-Unis, il y a quatre ans. D’où cette petite édition, qui montre l’ambiance du voyage, avec le tracé sur la carte qui fait la couverture. Je trouve que c’est une manière facile d’expliquer un voyage, par la photo, par le déplacement.

Johanna Hamon

Reliques cherchées, trouvées
Gaswork, c’était à une période où j’habitais en Angleterre. A Londres, je les repérais sur une cartes et j’allais à vélo les photographier. Il fallait que je les voie absolument tous, parce qu’en fait il n’y en a pas un pareil quand tu regardes. Un gaswork, c’est un gazomètre. Je trouvais ça marrant de l’intégrer ici à Saint-Denis, parce qu’il y en avait avant à la place du Stade de France.
Promenade, c’est associé à plein de moments différents, ça m’évoque des souvenirs et puis ce sont des petits détails qui ont retenu mon attention, qui peuvent paraître assez banals comme ça du premier coup d’œil, mais qui à mes yeux sont précieux. Ça a toujours été une pratique naturelle de récolter des choses et de les garder précieusement dans un coin. Et faire l’étalage de tout ça, correspondait à l’idée de reliques, parce que ce sont des restes de ballades, l’état des lieux de mes poches.

Pauline Ciocca

Reliques : ce qui reste
Le point de départ de mon travail, c’est que les arbres sont sacrés dans plein de cultures, donc on peut dire que l’arbre est une relique vivante et que certainement les feuilles ont gardé en mémoire les prières qu’elles ont entendu, ce qu’on a pu confier à un arbre. Je voulais chercher dans le graphisme des feuilles les restes de ces prières. De fil en aiguille, l’idée de l’herbier m’est venue. J’ai ressorti mon vieil herbier et, partant de là, le texte est arrivé. Il raconte une forme de balade, parce qu’un herbier c’est un témoignage de sensations de balades. Ensuite, j’ai voulu dessiner ce texte, pour parler de la feuille. La graphie devait rendre compte de la sensation et des couleurs racontées. Il a fallu élaguer plein de choses et arriver à quelque chose comme la substantifique moelle de ce qui reste de l’herbier. C’est un peu la relique de mon herbier. C’est presque squelettique d’ailleurs, c’est un crayon hyper fin, comme si on n’avait plus que les cannelures ou la prière. Que ce que les feuilles ont gardé en mémoire.

Solène Besnard

Symboles, reliques
Trois gravures sur bois illustrant des contes tirés du recueil Histoires comme ça de Rudyard Kipling, trois anecdotes amusantes qui expliquent aux enfants comment un kangourou, un léopard et un éléphant acquièrent leurs attributs, trois reliques qui font les animaux tels que nous les connaissons.

Camille Sutra del Galy

Reliques en déshérence
Je mets la graine au cœur du projet comme élément sacré et vital à protéger absolument. Les mauvaises graines est un jeu de mot pour définir les mouvements alternatifs qui « poussent » un peu partout et qui prônent le respect des terres, la protection et le libre échange des semences. La première graine du monde est une interprétation poétique de la biodiversité, elle met en lumière une nature fragile et infinie. L’album des légumes oubliés met l’accent sur les espèces peu connues et peu cultivées. Rangées ainsi dans ce vieil album photo, elles posent la question des variétés disparues, à disparaître, et donc à préserver.

Élise Legrand

Rites et reliques
Exposer ces carnets pour Reliques, et les faire feuilleter par les visiteurs, c’est abolir le côté précieux du carnet, faire rejaillir les moments qui sont d’habitude enfermés à l’atelier dans ces moleskines sous élastique et rangés par années. Ici la chronologie est bouleversée, on ne sait plus quelle année c’est. Certains copains feuilletant les pages vont replonger dans ces passés, lors de tournées de fanfares, de concert, d’années d’études. Je rentre dans le détail sans trop d’immersion, en suggérant une forme, une oreille ou un pli. C’est ma sensibilité qui va s’exprimer selon la musique, le temps, la lumière, l’espace, l’appréhension face à l’autre, qui appréhende le portrait final.
Couper les cheveux en quatre est une œuvre participative, comme un rite caché. On vient s’isoler derrière des paravents. On vient exposer un morceau de nous, ce qui restera après notre mort avec nos os: Les cheveux. La lumière du jour vient révéler les couleurs et épaisseurs de ces mèches offrandes, devant chaque carreau de verre carré. C’est un reliquaire des visiteurs.

Hélène Gruenais

Reliques : entre trace et effacement
Relique et Épitaphes reprennent mon travail sur le motif écriture et la répétition de celui-ci de manière obsessionnelle. C’est un motif qui s’inspire de la la langue arabe sans avoir le sens d’aucune lettre de cet alphabet. Je le décline sur papier, sur mur, dans des cahiers et sur tissu également. Si ma pratique « habituelle » s’intéresse à la discipline du corps et comment la répétition et la contrainte peuvent être libératrices, le lien avec le thème des reliques était évident tant mon travail traite du double désir de trace et d’effacement, en quelque sorte du sacré.

Myriam El Haïk

Reliques processuelles
Je présente une gravure qui est, comme pas mal d’autres métiers de l’impression, un travail en voie de disparition, et qui m’a amené vers l’idée que ce métier peut être comparé à une relique. C’est une technique anciennement industrielle, destinée à la série, qui s’est transformée en technique « artistique », presque plus utilisée que pour imprimer des estampes ou des livres d’artistes.
Ensuite, lorsqu’on voit une image, on n’imagine pas les étapes qui l’ont formée, ce par quoi elle est passée avant d’obtenir sa forme définitive. En l’occurrence, cette gravure a neuf passages différents. Les tirages sont des ajouts de couleurs consécutifs sur les passages du dessous. J’ai choisi de présenter chaque passage couleur en lui-même, séparé des autres, comme « preuve », comme trace du cheminement qui m’a amené à l’image finale. Ils sont le corps de l’image, seuls ils n’ont que peu de sens mais ensemble ils forment une image assez élaborée. Pourtant c’est très rare qu’un artiste ou un artisan montre ces étapes. Je trouvais ça dommage.

Anatole Wiener

17 octobre 2014, propos recueillis par Anne Dessertine

Fête de Saint-Denis samedi 4 octobre à 15h, 17h et 20h. Intervention du Collectif BIM. Théâtre-danse in situ au SoiXante et dans la ville.

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 http://collectifbim.blogspot.fr/

10 ans de flamenco à Saint-Denis samedi 11 octobre à partir de 18h. Atelier danse, conférence et concert, à l’occasion des 10 ans de l’association Flamenco art et mémoire.
http://flamencoartetmemoire.blogspot.fr/

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