Cycle FL’X2.4

Soirée cinéma expérimental le samedi 24septembre à 20h30

Artur Aristakisyan ladoni

Durée: 140 min Pays: Allemagne / Russia Couleur: Noir et Blanc

1994 (Berlin International Film Festival) / octobre 1994 (Chicago International Film Festival)

Filmé en Moldavie, Ladoni, le poème cinématographique d’Artur Aristakisyan, prend la forme d’un long monologue peuplé de silences d’un père qui s’adressent au nouveau né à venir, sur fond d’images muettes de mutilés, de handicapés, de malades mentaux, bref les êtres en marge de la société, dont elle a honte et qu’elle rejette comme des détritus sur une décharge.
Il se penche sur leurs existences détruites, raconte leurs destins brisés.
La répétition agresse le spectateur, le trouble, le malmène dans un trop plein de laideur, avant que cet enchainement d’images ne le conduise aux confins de l’hypnose.

On navigue quelque part entre le Bosch des gueux, mendiants et autres miséreux – dont Aristakisyan, comme le peintre, tire le sublime – l’énergie mystique du Jodorowsky de La montagne sacrée et l’aspect contemplatif, cosmique et eschatologique du Tarkovski de Stalker.
Le narrateur (Aristakisyan lui-même) initie son bébé à l’abîme terrestre, l’incite à l’insoumission sociale et à se ranger du côté des indigents et des exclus.
L’univers est détruit, la représentation est celle d’une apocalypse sur terre, le plus terrifiant étant de n’avoir rien d’autre devant nous que la réalité brute, transfigurée par un noir et blanc ténébreux, vieilli, comme déjà ravagé par le temps.
Ode aux miséreux et au dénuement, religieuse et anti-sociale, à la fois provocatrice et guidée par la spiritualité, ce voyage parfois difficile au pays de la misère et des rebuts du monde, telle une drogue, finit par griser.
Ladoni interroge à la fois l’esthétique (ou est donc le beau ?) et la métaphysique (ou est donc dieu ? quel est-il ? Et existe-t-il une doctrine, une religion pour le servir ?) en un étrange rapport à la foi, celle d’un ascétisme, d’une croyance en un Dieu auquel on s’accroche dans la ruine du monde, sans savoir qui il est ou s’il existe. De Ladoni il faut en ressortir, doucement, remonter à la surface.

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